1904 : l’année où tout débuta.
Bayonne, début du XX ème siècle, période ayant sombré dans l’oubli à l’instar de ces hommes humbles et modestes auxquels nous rendront hommage. Le club que nous aimons tant leur doit sa naissance, son évolution, son succès, son âme. La Société Nautique, plus ancienne association de la ville, vit des moments difficiles entre ses dirigeants et de jeunes rameurs. Un des leaders, Adolphe Bernard, embarque sans autorisation des dames sur un canot afin de leur faire visiter les bords de l’Adour. Ses jeunes compagnons séduits par l’initiative le suivent. Le Conseil de la Nautique composé d’anciens à la morale rigide, sanctionne durement la bande. A ce conflit de génération, s’ajoute une querelle opposant les adeptes de la voile à ceux de la rame. L’affaire Bernard est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les rameurs au nombre de 28, menés par Joseph Larran dont nous parlerons plus tard, décident de quitter la Nautique et de créer un nouveau club. Le 14 septembre au Café du Théâtre, les dissidents fondent l’Aviron Bayonnais qui ramera avec les couleurs Bleue et Blanche.
Les Fondateurs
Louis et Pierre Bargelès, Léon Barneix, Adolphe, Louis et Raoul Bernard, Adolphe Brand, Jean Daramy, Henry Dordosgoity, Paul Dousseau, Félix Dupéré, Fernand Forgues, Paul Georges, Michel Guilbeau, Joseph Halcet, Guillaume Lamothe, Joseh Laporte, Joseph et Paul Larran, Léon Moumas, Martin Noblia, Jean Noguès, Emmanuel Ohaco, Achille et Émile Reinflet, Gabriel Rivière, Martin Sourbié et Léo Susbielle.
1905 : Monsieur Joseph LARRAN, capitaine du navire.
Le premier janvier, un local est loué au 18 de la rue des Cordeliers pour y disposer le garage des yoles. Un bureau sans président est toutefois nommé au mois de mars. La nécessité d’un patron se faisant sentir, Mr Joseph Larran aura l’immense honneur d’inaugurer le poste présidentiel. Joseph Larran restera cinq années à la présidence de l’Aviron. Propriétaire d’une minoterie à Peyrehorade, d’une autorité incontestable, il mène le club d’une main de fer. Grâce à lui, l’AB creusera de solides fondations lui permettant de s’installer durablement. Le siège du club est transféré de la rue des Cordeliers au 1er étage de la brasserie Schmidt sur la place de la Liberté. En septembre, l’AB gagne le Championnat de France en yole de mer à 4, puis la Coupe du Roi d’Espagne à Saint Sébastien. L’équipage comprend un certain Fernand Forgues, futur grand nom du rugby bayonnais.
1906 : Le rugby prend son envol.
Le Football-Rugby, telle fut son appellation au début du siècle, n’était pas en vogue dans notre région. Les sports comme la rame, la gymnastique, la pelote ou le cyclisme connaissaient un engouement largement supérieur. Les excellents résultats des disciplines nautiques ultra populaires mettaient sous l’éteignoir ce sport venu d’Angleterre. Un membre du Conseil d’Administration, Gabriel Chantillon, décide de créer une section de Football-Rugby, section dont il sera le président le 13 octobre. Le lendemain, une équipe est formée et disputera son premier entraînement au camp Saint Léon à 14h00. De nombreux rameurs et étudiants attirés par ce nouveau sport intègrent le groupe, ainsi que des joueurs du Stade Bayonnais, club déjà existant qui plus tard sera intégré à l’AB. Le premier match amical se joue le 28 octobre contre l’Operne de Biarritz, et est malheureusement perdu. Gabriel Chantillon peut être fier, cet ancien rameur a réussi son projet d’intégrer de Football-Rugby dans sa ville, il y consacrera toute sa vie.
1907 : Les premiers matchs officiels.
L’AB remporte plusieurs rencontres amicales, ce qui permet à ses dirigeants d’obtenir une affiliation. Elle a lieu le 19 juin à l’Union Sportive Française des Sports Athlétiques, ce qui lui permet de participer au championnat de Guyenne et Gascogne. Le club intègre la troisième série en compagnie de La Teste, Bègles, Dax et Bergerac. Le 30 septembre, l’AB quitte la rue des Cordeliers pour installer son siège sur la rive gauche de la Nive avec son garage, dont la construction débuta en janvier.
1908 : Le début de la rivalité avec Biarritz.
Non, ce n’est point le BO pas encore né mais le Biarritz Stade qui se dresse devant nos bayonnais ce dimanche 5 janvier en son antre d’Aguiléra pour le compte du championnat de troisième série. Bayonne l’emporte (9-3) devant 4000 spectateurs en furie, tant l’opposition fut virulente. Deux joueurs de chaque camp furent expulsés, mais l’affaire n’en resta pas là. Les biarrots portent réclamation, estimant à raison que de nombreux joueurs adverses n’étaient pas qualifiés pour la rencontre. Les bayonnais font de même, plusieurs biarrots n’ayant pas leur accréditation. Le Comité donne match perdu aux deux équipes, avant de requalifier Biarritz pour d’obscures raisons expliquées par un pouvoir biarrot plus influent. Le 20 décembre à Saint Léon, l’AB obtient sa revanche en dominant Biarritz (12-0). Ainsi débute la longue rivalité rugbystique entre nos deux villes.
1909 : Le premier titre et la délocalisation vers Hardoy.
Bayonne améliore son jeu, et remporte de plus en plus de victoires. Un défi lancé au SBUC Champion de France, à Saint Léon le 31 janvier, lui donne la victoire (12-5) avec un Fernand Forgues époustouflant. Le championnat de Guyenne et Gascogne troisième série révèle un Aviron invaincu en poule, dominant notamment Mauléon (17-5), Section Bordeaux (18-0), Biarritz (3-3) puis (6-3). La finale est remportée le 14 février contre Langon (5-0), mais la montée en division supérieure doit se disputer en match de barrage face à Bègles, à Saint Léon. Malgré une victoire (11-0), une réclamation girondine fait annuler le résultat. Le match rejoué le 9 mai sur terrain neutre, permet aux bayonnais de punir leur adversaire mauvais perdant (43-0).
La montée est enfin acquise suite à une saison magnifique ponctuée par 11 victoires, 4 nuls et 3 défaites. Le succès populaire est immense, cependant le camp Saint Léon ne suffit plus à accueillir une foule si nombreuse. Le club voulant un stade digne, achète un terrain sur le lieu Hardoy à Anglet. Le 10 octobre, l’AB inaugure son nouveau stade de 5000 places an accueillant Tarbes qu’il vaincra (11-0). Un écossais, Alfred Russel dit Freddy, apporte à l’AB son expérience du jeu avant l’arrivée d’un gallois qui bouleversera les mentalités. Le premier match officiel à Hardoy fut la réception de Pau vaincu encore (11-0), où Forgues et Russel firent exploser leur talent. Le 11 décembre, le Biarritz Stade vient goûter à la défaite à Hardoy (14-3), dépassé par les fougueux avant bayonnais. De 1909 à 1940, Hardoy abritera les exploits de l’Aviron, soit trente années de spectacle fabuleux ponctuées par deux titres de Champion de France acquis en triomphant à Anglet et non à Bayonne.