1950 : Un beau parcours en championnat.
L’Aviron Bayonnais a connu ses trente glorieuses, trente années de gloire allant de 1913 à 1944 comptants six finales pour trois titres et un Challenge Yves Du Manoir. Cette période faste ayant vu passer tant d’illustres talents, de titres, d’événements riches en anecdotes fera place à des lendemains moins brillants.
Le rugby français sera dominé dans la seconde moitié du siècle par Lourdes, Béziers, Agen et Toulouse qui remporteront la majorité des boucliers. Bayonne tiendra malgré tout son rang au sein de l’élite connaissant un renouveau dans les années 80 avant de descendre la décennie suivante.
Revenons au début des années 50 ou plutôt fin 1949 très exactement, prélude d’une fantastique saison. Le système de qualification évoluant constamment, on évitera de s’y attarder. Toujours est-il qu’en ce mois de septembre 1949 l’Aviron joue sa survie en barrage de maintien contre Montélimar, Céret et Bagnéres avec succès.
Concernant la phase qualificative, l’AB en sort invaincu à domicile avec en prime un succès déterminant à Tyrosse (9-3). Bayonne se qualifie en seizièmes pour y affronter la redoutable formation toulousaine championne de France trois ans plus tôt. Bayonne s’impose (6-3) à la surprise générale. En huitièmes, s’annonce l’ogre lourdais terreur des années 50 déjà championne en 1948. L’AB, entamé par les blessures, rappelle un ancien de 39 ans, un certain Maurice Celhay pour occuper l’aile. Lourdes avec les frères Prat (Maurice et Jean) ne doivent faire qu’une bouchée de ces modestes bayonnais déjà heureux d’atteindre ce niveau de compétition. Les bigourdans archi favoris s’inclinent pourtant (11-9).
En face, outre le cœur et le courage d’une bande de copains prêts à défier les montagnes, figure une paire Celhay – Dauger encore apte aux actions d’éclat.
Le 20 Mars 1950 Montferrand au fort tonnage devant, se méfie à raison du quinze bayonnais. La lutte féroce sera finalement gagnée par l’Aviron (8-3). Le 11 Avril à Toulouse, l’AB affronte le Racing Club de France en demi-finale, sans Celhay cette fois. Bayonne sera proche de l’exploit marquant trois essais mais s’inclinant sur un contre assassin. La défaite (9-13) très amère, laissera d’immenses regrets.
Les héros de cette belle épopée avaient pour nom :
Pauzat (Capitaine) – Gaillac – Casteig – Vergez – Despèries – Courrèges – Herrera – Pécastaing – Mourguy – Lamarque – Piquemal – Labadie – Jean Dauger – Perrier – Duhau – Larre – Pascaud – Doit – Borrombo – Bederède – Camadro – Anzano – Baudorre et Maurice Celhay.
1954 : Henri Grenet à la présidence.
Comment ne pas évoquer la famille Grenet quand on parle de Bayonne tant sur le plan sportif que politique.
En 1954, le Docteur Henri Grenet accède à la présidence de l’Aviron, et cela jusqu’en 1959. Depuis cette date, les destinées du club et de la ville seront fermement liées avec le nom Grenet. Sportivement, les résultats seront meilleurs, le club atteignant les phases finales pendant quatre saisons consécutives de 1956 à 1959.
La saison 56-57 est même excellente, l’AB jouant les quarts de finales. Vichy (29-3) et Montferrand (10-0) chuteront contre l’Aviron. Malheureusement ce Racing de triste mémoire réveille de vieilles blessures en éliminant l’AB en quarts (3-14).
Les deux saisons suivantes Mazamet arrêtera la route des bayonnais en huitièmes. Jean Dauger tire sa révérence en 1956 .L’effectif comprend désormais peu de joueur de renom capable de transcender le groupe, sauf Robert Baulon le troisième ligne boucalais et le talonneur Paul Labadie, tous deux internationaux. Jacques Rollet succèdera au poste de Labadie pour également connaitre l’équipe de France.
Parlons de Monsieur Henri Grenet, qui est-il au juste ?
Il est né 7 Février 1908 à Bègles.
Issu d’une famille girondine modeste, pétrie de valeurs fortes, le jeune Henri ambitieux travaille comme un forcené. Il devient chirurgien et en parallèle pratique beaucoup de sport. Au parc Lescure, il est champion de France universitaire de cyclisme. En 1936, accompagné de son épouse Simone, il s’installe à Bayonne pour remplacer un confrère. Là, naîtront trois enfants dont Jean, en 1939.
La même année Henri Grenet commence à bâtir son empire: la clinique Paulmy. Mais il n’a rien d’un notable. Il tient à distance la bourgeoisie locale, lui préférant les sportifs et les jolies femmes. Il quitte son épouse Simone pour Mathio, fille d’hôteliers luziens qui devient sa nouvelle compagne. Ils auront deux fils, Bernard en 1946 et Pierre en 1952.
Il prend la présidence de l’Aviron Bayonnais en 1954 par passion du rugby et de la politique, mais aussi car ce poste est un tremplin afin de viser une autre destinée. C’est pourtant cet homme brillant fou de Ferrari, festif et divorcé que la bourgeoisie cléricale vient chercher pour diriger la ville.
En 1959, le destin s’apprête à identifier pour longtemps le nom des Grenet à Bayonne. Henri quitte la présidence de l’Aviron pour la Mairie de Bayonne qu’il occupera durant 36 ans de 1959 à 1995. L’autocrate met la ville dans sa poche en multipliant les initiatives. Le maire lance des ponts sur les fleuves et des logements sociaux à l’assaut des collines. Il est élu député en 1962 et président du Conseil Général en 1985.
Henri Grenet décède en 1995 à l’âge de 87 ans, son fils Jean lui succédant à la Mairie.