De 70 à 76, le mental défaillant.
La particularité de l’AB est son incapacité à se sublimer lors des phases finales. Certes le club se qualifie régulièrement, mais échoue lamentablement dans les rencontres décisives. En sept ans, Bayonne chute cinq fois en seizièmes et ne parviendra même pas à ce stade de compétition en 1976.
Ainsi, La Voulte (3-9) en 1970, Tyrosse (8-11) en 1971, Dax (14-19) en 1972, Tarbes (7-16) en 1974 et Aurillac (6-20) en 1975 profitent de la fragilité bayonnaise. Seule année positive, 1973, qui verra l’Aviron passer deux tours contre Avignon (15-4) et Beaumont de Lomagne (16-15).
Le géant biterrois proposé en quart de finale se qualifiera sans frayeurs (12-28). On retrouve dans cette équipe bayonnaise les deux leaders, Iraçabal et Duprat avec des petits nouveaux, Dospital et Pétrissans.
Groupe type dans les années 70 (Saison 1975 – 1976) :
Lafourcade – Barnebougle – Luneau – Dubrocq – Etcheverry – Barragué – Jannots – Miremont – Cazaurang – Duprat – Paredon – Labruquère – Leta – Teillagorry – Perrier – Lataste – Serres.
1976 : Jean Grenet, le nouvel homme fort de l’Aviron.
Né le 12 Juillet 1939 à Bayonne, Jean a trop souffert de l’absence de son père pour échapper au modèle. Comme lui il devient chirurgien, président de l’Aviron bayonnais en 1976 et homme politique. En 1989, il est élu adjoint au maire de Bayonne, année où il quitte la présidence de l’Aviron et en 1993 devient député. Deux ans plus tard en 1995, il succède à son père à la mairie. Henri Grenet ne voulait guère d’une dynastie municipale, mais sa majorité était derrière son fils.
Extraverti et chaleureux, il joue collectif et écoute ses adjoints. Il se concentre sur la dynamisation du centre-ville, attire les investisseurs, redonne vie aux musées. Président du syndicat de soutien à la culture basque, il croit la venue d’un département basque inéluctable.
Jean a reçu cette culture qui manquait à son père. C’est qu’il est déjà basque lorsqu’il épouse Michou, fille de Jean Dauger. Une belle histoire d’amour, née quand ils avaient 14 ans, à l’époque magique où les amis qui passent à la maison se nomment Blondin, Hemingway, Ordonez.
Bayonne forme un groupe soudé et conquérant dont les éléments feront vivre à ses supporters de belles et dramatiques heures, le tout orchestré par un Président héritier de son père.
Revenons au côté sportif.
Saison 1976-1977.
Elle sera le début de la naissance d’une équipe solide devant, autour des Dospital – Pétrissans – Barneboucle et surprenante derrière avec l’apparition d’un certain Christian Bélascain.
En phase de poule, Bayonne perdra une seule fois à domicile contre Tarbes (4-6), mais s’imposera au retour (15-9). La qualification en poche, Bayonne affronte en seizièmes aller-retour les girondins de Salles, qualifié surprise. La fébrilité habituelle reprend les bayonnais qui s’inclinent à l’aller (14-10), heureusement le retour sera salvateur avec une victoire (25-8).
Le huitième de finale contre Toulon s’annonce autrement plus compliqué, mais une âme est née dans ce groupe. La bande à Pétrissans gagne (13-6) le droit de participer à un quart de finale. Mais voilà, l’adversaire est le grand Béziers, rouleau compresseur du rugby français. On ne croit pas aux chances de nos bayonnais qui feront pourtant trembler jusqu’au bout leur adversaire, vainqueur miraculeusement (18-16).
Ce 1er Mai, l’Aviron est passé proche d’un immense exploit, seulement empêché par le zèle d’un arbitre orienté et d’un poteau fatal. Après 25 minutes, suite à un essai de Paredon et un but de Lataste, l’Aviron menait (7-0). A trois minutes du terme, les bleus et blancs tiennent le bon bout quand l’arbitre invente une faute d’Iraçabal sur Estève. Cabrol transforme le cadeau pour mener 18-16. A la dernière seconde, l’arbitre ose siffler une pénalité des 35 mètres en coin pour l’Aviron, le buteur bayonnais frappera le montant… Bayonne a certes perdu, mais dès ce jour une équipe est née.
L’équipe :
Lataste – Paredon – Belascain – Marin – Serres – Leta – Urrutiaguer – Rouet – Pétrissans – Navarron – Barneboucle – Etcheverry – Iraçabal – Sagarzazu – Dospital.
Saison 1977-1978.
En phase qualificative, l’AB alterne le bon comme le moins bon, comme avec une défaite surprenante à domicile contre Oloron (4-6) et un nul chez l’épouvantail bagnérais (13-13). Ceci dit, la qualification est encore acquise. En seizièmes, sur un seul match cette fois, Bayonne bat aisément le Racing (29-9). En huitièmes, Bayonne s’incline face au futur finaliste Montferrand (0-7), en ayant manqué un nombre incroyable de points.
Saison 1978-1979.
Bayonne fait le carton plein à domicile en atomisant tous ses concurrents, notamment Bourgoin (64-0). Seul le futur Champion de France, Narbonne, s’inclinera de peu à Saint Léon (16-12). Il y eut également deux derbys contre le BO, l’Aviron s’imposant (22-9) à domicile mais s’inclinant à Aguiléra (16-17). Un derby est proposé à Bayonne mais pas celui auquel on pourrait penser, en seizièmes. Saint Jean de Luz défie l’Aviron et suite à un match très serré, l’AB gagne seulement 13-6.
Bayonne affronte Tarbes en huitièmes, un habitué qui perdra (29-10). La future finale de l’Aviron passera par le même chemin. En quart de finale, le RC Narbonne ne laisse aucune chance à nos bayonnais terrassés (07-18). Mais dorénavant l’Aviron fait partie des gros du championnat.