L’apogée d’un crack : Jean Dauger.
Jean Dauger est né à Cambo le 12 novembre 1919. Ses parents étaient garde-barrières, et le papa supporter inconditionnel de l’Aviron. A l’âge de 14 ans, il porte les couleurs de l’Association Sportive Bayonnaise avec ses trois frères. Remarqué pour sa vélocité, il intègre les rangs de l’Aviron Bayonnais deux ans plus tard. Surdoué, Jean évolue déjà à l’aile de l’équipe une, aux côtés des illustres Zabaleta, Celhay, Elissalde, Bergèze et Vigneau. D’excellente corpulence (1m82 pour 84 kg), rapide (11 secondes aux 100 mètres), ce brillant jeune homme est remarqué par les professionnels du rugby à XIII.
En 1938, le Roanne XIII pille l’Aviron Bayonnais, et cinq joueurs dont Jean Dauger rejoignent ce club. Le joyau basque brille de mille feux, évolue en équipe de France dès ses 18 ans au poste d’ouvreur, en défiant les plus grandes sélections mondiales comme l’Australie. Champion de France avec Roanne et vainqueur de la coupe nationale il revient souvent visiter sa ville de cœur.
En 1941 Jean Dauger retourne définitivement à Bayonne le Gouvernement de Vichy interdisant la pratique du rugby à XIII.
Il ne portera que 3 fois le maillot tricolore à XV, contre l’Army Rugby Union et l’Empire Britannique en 1945 puis contre l’Ecosse en 1953 victorieux (13-12). Avec l’AB, il sera champion de France en 1943 et finaliste en 1944. Jean Dauger arrête en 1956 et recevra quatre ans plus tard le titre de meilleur centre français de tous les temps. Il devient journaliste à Paris Presse et publia deux livres dont le rugby en 10 leçons. En 1973, Dauger est nommé sélectionneur de l’équipe de France avec Jean Desclaux. Il décède à Bayonne le 23 octobre 1999. En hommage à ce joueur et cet homme d’exception, le 3 Juin 2001, le Parc des sports de Saint Léon prend pour nom le sien JEAN DAUGER.
1943 : Le dernier titre de champion de France.
Après 4 ans d’interruption à cause de la guerre, le championnat recommence lors de la saison 1942-1943. Deux championnats parallèles se disputent, celui de la zone occupée où évolue Bayonne et celui de la zone libre. Dans son groupe, Bayonne termine en tête, en évinçant Mont de Marsan, Dax, Soustons et Bègles. En phase finale l’AB élimine l’US Métro (18-9) et Paris CASG (33-0).
Agen vainqueur de la zone libre contre Montferrand (8-3) sera le rival de la grande finale. On retrouve côté bayonnais René Arotça et une paire de centre Maurice Celhay – Jean Dauger, rien que ça !
La finale se joue au Parc des Princes devant une forte chambrée. Agen supérieur devant, domine toute la première période sans conclure, pour arriver à un score de parité (0-0) à la mi-temps. Durant la pause, le docteur Henri Grenet doit faire une injection au genou d’Arotça douloureux, pour lui permettre de tenir.
La seconde mi-temps sera identique, avec des agenais ultras dominateurs mais inefficaces. A trois minutes de la fin, les avants bayonnais remontent le terrain sur un contre. Aux 22 mètres, le 9 bayonnais Duhalen s’échappe suite à une mêlée ouverte, cadre les derniers défenseurs et sert l’ailier Larre qui sprinte à l’essai près du drapeau de coin (3-0). Le score ne bougera plus et l’AB fêtera son troisième et dernier titre de champion de France.
Le groupe Champion de France 1943 :
Casteigt – Bisauta – Mourguy – Dumas – Boudon – Arotça – Labèque – Perez – Cunibert – Larre – Dauger – Celhay (Capitaine) – Lafitte – Cazayous – Dubalen – Alvarez – Zabaleta.
1944 : Une finale perdue contre Perpignan.
Bayonne bat tous ses adversaires en phase de poule (Peyrehorade – Tarbes – Hendaye – Orthez – Soustons – Bordeaux EC et Pau). En demi-finale le Toulouse Olympique est balayé (17-3).
C’est Perpignan et son prestigieux capitaine J.Desclaux qui lui est opposé en Finale. Le suspense durera une mi-temps avec des catalans brillants en attaque, pointant deux essais par Trille et Conté pour mener (6-0). Jean Dauger réduit la marque sur une magnifique attaque pour ramener les siens à 1 point avant la mi-temps (6-5).
L’AB débute la seconde période par de multiples offensives dont une sera contrée pour un essai assassin des catalans (11-5). La suite sera un long calvaire durant lequel Bayonne encaissera trois nouveaux essais et subira une lourde humiliation.
Score final (20-5) et 6 essais à 2 pour l’Usap.
Les finalistes :
Alvarez – Larre – Dauger – Celhay (Capitaine) – Elissalde – Salinas – Dubalen – Boudon – Goutenègre – Labèque – Bisauta – Dumas – Casteigt – Perez – Carvalho
La fin des années 40, et malgré la présence de Jean Dauger, sera assez fade sportivement.
Une demi-finale de coupe de France perdue en 1945, un quart de finale du championnat perdu contre Toulon (7-5) en 1948 viendront ponctuer la décennie.